CANADIAN HAT FAIT L'ACQUISITION D'HARRICANA - Par Olivia LEVY

CANADIAN HAT FAIT L'ACQUISITION D'HARRICANA - Par Olivia LEVY

Publié le 05 mai 2017 à 10h12 | Mis à jour le 05 mai 2017 à 10h12
Par Olivia LEVY

Canadian Hat fait l'acquisition d'Harricana 

Diane Lanctôt et Mariouche Gagné
PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

 

OLIVIA LÉVY
La Presse

Canadian Hat, propriété de la femme d'affaires Diane Lanctôt, fait l'acquisition de la marque Harricana par Mariouche. L'entreprise de fourrure recyclée vivait des difficultés financières et devait se trouver de nouveaux partenaires.

Cette association réjouit les deux entrepreneures. Diane Lanctôt, présidente de Lanctôt ltée et de Canadian Hat, parle de cette collaboration comme d'un pari, celui de donner un nouveau souffle à Canadian Hat, qui va célébrer son 100e anniversaire en 2018. Elle permettra aussi à la marque Harricana qui, depuis 1994, crée des vêtements et accessoires de fourrures recyclées, d'avoir les ressources nécessaires pour continuer à se développer.

Concrètement, Mariouche Gagné agit désormais à titre de designer de Canadian Hat. Elle dessine actuellement les prochaines collections de chapeaux tout en poursuivant ses activités chez Harricana, qui fait maintenant partie de Lanctôt ltée. La créatrice profitera de l'équipe de gestion ainsi que du savoir-faire de Diane Lanctôt, pour qui la commercialisation, la finance et les opérations n'ont plus de secret. Lanctôt ltée emploie environ 110 personnes. 

Mariouche Gagné aura ainsi plus de temps à consacrer à la création même si elle garde son poste au développement des affaires. Elle cherche déjà des feutres et autres matières écologiques pour les chapeaux!

Deux marques complémentaires

En entrant dans la boutique Harricana, rue McGill dans le Vieux-Montréal, on remarque tout de suite la nouvelle collaboration entre les deux noms. Les chapeaux de paille et de feutre de Canadian Hat partagent désormais l'espace avec les tuques, chapeaux, coussins, bijoux et autres vêtements de fourrure recyclée d'Harricana.

«Les deux marques ont beaucoup de choses en commun et sont complémentaires, lance Mariouche. On est capable financièrement d'avoir la même équipe, ce qui va nous permettre de nous propulser.» Elle ne cache pas que son entreprise vivait dernièrement de graves difficultés financières et qu'elle devait absolument trouver de nouveaux partenaires.

Les deux femmes se sont rencontrées grâce à un ami de Diane Lanctôt. Cette dernière cherchait une créatrice pour rajeunir Canadian Hat et Mariouche Gagné, de son côté, voulait une personne forte en finances et en développement. Elles se sont trouvées, se complètent bien et sont déjà très complices. «Moi, je suis plus dans la créativité, les relations publiques et les ventes», estime Mariouche Gagné, qui explique que les bilans annuels et états financiers sont désormais dans les mains de Lanctôt.

 

Dans la boutique Harricana, au 416, rue McGill dans le Vieux-Montréal, on voit que les chapeaux de paille et de feutre se mêlent aux vêtements et accessoires de fourrure recyclée.

Les défis des femmes

«Quand j'ai rencontré Mariouche, je me suis revue à son âge, confie Diane Lanctôt. Je me suis souvenue qu'à 40 ans, avec trois jeunes enfants, et mon entreprise à gérer, j'ai vécu une période très difficile où j'ai presque perdu mon entreprise.» 

«Cet équilibre travail-famille est tellement fragile pour les femmes, alors je comprenais ce que Mariouche vivait et les épreuves qu'elle traversait», dit-elle.

Mariouche Gagné a trois enfants de 7, 8 et 9 ans. «Deux sont les miens et le troisième est celui de mon conjoint», précise la femme d'affaires qui a beaucoup voyagé ces dernières années. Il était alors parfois périlleux de concilier la vie de famille et le travail. «Les femmes peuvent-elles tout avoir? s'interroge-t-elle. On peut y arriver, mais on ne peut pas tout faire en même temps.»

Selon Diane Lanctôt, les femmes sont obligées de ralentir pendant quelques années lorsqu'elles deviennent mères, mais l'entreprise en subit évidemment les contrecoups. «C'est une réalité. Je regarde le parcours de plusieurs femmes dont le mien et celui de Mariouche, et dans les mêmes années, on a vécu ces mêmes difficultés. Quand les enfants grandissent, on est capables de regarder à nouveau vers l'avant et de reconstruire.»

Pour Diane Lanctôt, la vie est composée de hauts et de bas, et par moments, il peut y avoir des coups durs en affaires dont il faut tirer des leçons. «On repart et on rebondit.» Pour elle, il est important d'être solidaire. «Humainement, c'est une belle aventure qui commence», dit-elle.

«Je crois au talent de Mariouche et je pense qu'elle va amener Canadian Hat dans le monde de demain et contribuer à un volume de ventes plus important, c'est pour ça que le mariage entre Mariouche et Canadian Hat était intéressant, explique Diane Lanctôt. Les prochains mois vont nous permettre de développer de nouvelles gammes de produits qui vont s'inspirer des forces des deux marques en proposant quelque chose d'unique. Et je pense que Mariouche va impressionner tout le monde à la prochaine collection!»

«Je ne sens pas la pression!», répond Mariouche.

Les deux femmes misent aussi sur la création et la fabrication locale. «J'y crois. C'est extraordinaire tous les moules à chapeau qu'on a chez Canadien Hat depuis 1918, ça fait parti du patrimoine. Le défi, c'est de mieux faire connaître nos marques et de faire comprendre aux consommateurs la fabrication locale.»

 

Chapeau de paille avec des plumes, Canadian Hat, 119 $